Histoire

La Cancalaise depuis les origines

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Bisquine Story

Au XIXe siècle, les bisquines étaient des bateaux de travail typiques de la baie du Mont Saint Michel, dans les quartiers de Granville et de Cancale.

Apparue en baie de Cancale vers 1830, la bisquine pose une double énigme.

En ce qui concerne les formes et le gréement ; il est possible d’y voir
le résultat d’une évolution locale d’un type de bateau très répandu sur toutes les côtes du Ponant et de la Manche au XVIIIe siècle : le chasse-marée.

En ce qui concerne le nom de bisquine ; celui-ci apparaît pour
la première fois dans le Dictionnaire de Marine de l’Amiral Wuilllaumez (1825). S’il s’agit d’une étymologie locale, le cercle des recherches est assez vaste car où le mot a-t-il été inventé ? Faut-il comme Littré faire venir bisquine de la baie de Biscaye ou comme Merrien du breton Pesk (séduisant pour des bretons, mais infiniment peu probable) ? La question reste à débattre.

à lire

un texte de Jean Le Bot sur la Bisquine de Cancale des origines

Vers 1900 il y avait bien 200 bisquines immatriculées au quartier de Cancale. La bisquine de Cancale a donc vécu une centaine d’années, partagées entre un rapide essor et un lent déclin, les bateaux à bout de bord étant remplacés par des sloops ; après 1914, on n’a pratiquement plus construit de bisquines ni à Cancale ni à Granville.

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La pêche aux huitres en caravane

Quelques jours par an, la drague des huîtres était autorisée dans la baie. Jusqu’à 200 bateaux se rassemblaient en caravane dans la baie et mouillaient leurs dragues en même temps.

Les bisquines étaient parfaitement adaptées aux pêches traditionnelles pratiquées dans la baie du Mont Saint Michel, le chalut, la drague et les cordes (lignes de fond). Au début du XXe siècle, 200 à 300 bisquines pratiquaient la pêche. 

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Les régates de bisquines

Les bisquines étaient également des bateaux de régates très puissants. Les premières régates de Cancale remontent à 1845. La lutte était acharnée entre les bateaux. Pour les équipages, les prix remportés représentaient des gains substantiels.

Citons Jean Le bot :

« Chaque année, également, avaient lieu les régates ; elles se préparaient minutieusement à l’avance. Les coques étaient poncées à la peau d’orbiche (peau de roussette) puis réespalmées à grand renfort d’huile de coude, les grandes voilures de régates enverguées avec des voiles soigneusement choisies et éprouvées, alors seulement les patrons pouva1ent-ils se livrer à des luttes homériques et parfois fratricides. Qui pourra un jour écrire l’histoire de ces régates épiques où le « Tribord amures » était remplacé par « Ote-toi de là ou je t’aborde ! » … Qui racontera les sanglantes bagarres dans les cafés après une course où un Granvillais avait eu le mauvais goût de gagner … Tout cela appartient aujourd’hui à un passé qui s’éloigne et déjà sont morts bien de ceux qui ont vécu cette époque à son apogée. »

à lire

un texte de Jean Le Bot sur la Bisquine de Cancale des origines

Pour régater, les bisquines sortaient toutes leurs voiles. Les contre-huniers appelés perroquets à Cancale (les voiles tout en haut des mâts) ainsi que le hunier de tapecul n’étaient établis que pour les régates. Toutes voiles dehors une bisquine pouvait porter jusqu’à 500 m2. Les bisquines étaient les bateaux de pèche de cette taille les plus voilés des côtes de France et peut-être du monde.

Sur les grandes bisquines il y avait une douzaine d’hommes pour les régates, il fallait manœuvrer vivement, sans compter le déplacement du lest mobile : jusqu’à 45 sacs de sable de 50 kg. A titre de comparaison, 4 personnes suffisaient pour la pêche au chalut.

Après les années 1940, victimes de la motorisation, les bisquines disparaissent du paysage, ne sont plus présentes que dans la mémoire des anciens. 

Puis vint le lancement de La Cancalaise en 1987 et, trois ans plus tard, la mise à l’eau de La Granvillaise.

Livre

La Bisquine : à Cancale et à Granville

Auteur : Jean Le Bot

Éditeur : Association des Vieux gréements granvillais

A partir de 1950, Jean Le Bot a consacré tous ses loisirs à recueillir et confronter témoignages et documents sur les anciens bateaux qu’il avait connus dans son enfance, fouillant les archives des chantiers et relevant les plans de formes des coques qui existaient encore. Personne ne croyait alors, et Jean Le Bot non plus sans doute, à la possibilité de voir renaître d’anciens bateaux disparus.

Pourtant le lancement de La Cancalaise en 1987 et, trois ans plus tard, la mise à l’eau de La Granvillaise furent des événements majeurs parmi d’autres reconstructions qui lui doivent aussi quelque chose : la Chippe à Saint-Suliac, le Grand Léjon au Légué etc…

Historien passionné et méthodique, Jean Le Bot livre ici une splendide monographie, à la fois technique, extraordinairement documentée et pleine de vie.

Grâce à Jean Le Bot, pionnier en matière de conservation du patrimoine maritime, des équipes de passionnés se sont attachés à faire revivre les bateaux de travail de leur région. Aujourd’hui, grâce aux associations, jeunes et moins jeunes, gens du pays ou d’ailleurs, peuvent naviguer à bord des bisquines : une façon vivante de réactiver la mémoire d’un passé maritime encore proche.

En vente à l’association